Ce reportage consacré à Jean-Philippe Duracka vous est proposé par Patrick Dorkel " As du Cyclisme "
Jean-Philippe Duracka : « Je n’ai pas atteint mes limites »
Jean-Philippe Duracka compte parmi les meilleurs coureurs de sa génération. Est-ce par manque d’ambition, par confort personnel qu’il a retardé son éclosion au plus haut niveau ? Un peu à l’image de Fernand Farges, il a écumé les courses régionales puis nationales durant deux décennies. Aujourd’hui, directeur sportif du Team Pro Immo Nicolas Roux, avec le succès que l’on sait, il nous fait revivre l’histoire d’un gamin qui aurait pu mal tourner.
Comment viens-tu au vélo ?
Je suis né le 31 mai 1961 à Gouville-les-Gonesses dans le Val d’Oise. Mon grand-père maternel, Robert Luce avant-guerre était coureur cycliste, en tant qu’indépendant. Il a brillé dans Paris-Roubaix. Peut-être en rajoutait-il un peu mais je veux toujours le croire. J’étais très proche de lui il me parlait sans cesse de cyclisme. Mes deux frères plus âgés que moi avaient suivi le même cheminement en se tournant vers la compétition. Mon père a pratiqué la boxe, il a été Champion de France Militaire. J’ai d’abord disputé des courses de pré-licenciés. Un jour mon grand-père m’emmène voir le prologue de Paris-Nice. Le soir devant l’hôtel, comme tous les gamins qui essayent d’apercevoir les coureurs, arrive Freddy Maertens (Champion du Monde 1976 et 1981) qui venait de remporter le prologue ; il me prend dans ses bras et m’adresse quelques mots en Flamand. Depuis ce jour, il est devenu mon idole et je me suis promis que je ferais tout pour devenir comme lui, coureur cycliste.
Quel est ton premier club ?
Je me suis licencié à l’AS Pisco-Saint-Bris, un club familial. On partait le dimanche à plusieurs familles avec le casse-croûte. Je vivais le cyclisme à travers mon grand-frère Jean-Luc. J’étais un petit gabarit. La première course que j’ai remportée, j’avais battu un dénommé Philippe Renzo qui était tombé près de l’arrivée. Sur le podium, il pleurait ; même sur la deuxième marche, il me dépassait d’une tête. J’avais l’impression d’avoir battu le Champion du Monde. Mon vrai départ dans le vélo correspond à la catégorie « junior deuxième année ». Ce n’est jamais très bon de commencer dans la facilité. Mieux vaut apprendre à se battre pour pouvoir progresser. Après, on garde cela toute notre vie y compris au quotidien. Il faut avant tout débuter par le vélo-plaisir.
Comment se passe l’arrivée dans l’Allier pour la famille Duracka ?
Les débuts de mon frère Jean-Pierre ont été chaotiques. Il pouvait rester trois mois sans monter sur un vélo. Pour ma part, dans une petite ville, j’ai découvert une autre vie, un autre cyclisme. Chez moi c’est Cosne-d’Allier dans le Bourbonnais. Le cyclisme m’a permis de rencontrer d’autres personnes, de découvrir une philosophie de la vie qui me correspondait beaucoup plus que dans la région parisienne. A Paris, j’habitais dans une cité dans des quartiers difficiles. En restant là-bas qui sait ce que j’aurais pu devenir ? Avec le cyclisme, quelques victoires, j’ai trouvé des gens qui m’aidaient, ma vie est devenu beaucoup plus facile, surtout les fins de mois. En arrivant, je me suis licencié à l’AC Saint-Yorre. Ma première année de junior n’a pas été fracassante. J’ai commencé à remporter de nombreuses victoires dès l’année suivante sauf le Championnat d’Auvergne 1979 où j’ai été battu par Nicolas Roux !!! C’est là que l’on s’est rencontré, depuis nous sommes devenus amis, on en parle encore de ce championnat...
Comment se déroulent les années suivantes ?
J’ai disputé les Championnats de France route et cyclo-cross sans faire de gros résultats. Puis j’ai accédé à la catégorie seniors. La première course de l’année, une « toutes catégories », j’ai remporté la victoire devant Jean Daffis (qui habite maintenant au Portugal), Jacky Portejoie, des références en Auvergne. Je n’ai gagné que des « 1ére catégorie » pour monter. Avant que cela devienne effectif, je pouvais disputer, durant le week-end précédent, des courses en « 2 èmecatégorie ». J’ai ciblé quatre courses pensant les remporter haut la main. J’ai terminé quatre fois second.
Mon père était plombier, ma mère tenait un pressing. Je travaillais avec mon père. Quand j’ai commencé a doublé mon salaire sur le vélo, il a été un peu plus compréhensif, il m’a laissé plus de temps pour m’entraîner. Grâce au cyclisme, j’ai repris l’affaire à ma mère comme artisan teinturier. J’ai toujours travaillé. Puis je me suis associé avec Jean-François Bourgeot (bon 1ère catégorie) comme taxi-ambulancier. Nous nous sommes mariés le même jour avec les deux sœurs. Ma femme, enseignante, m’a beaucoup stabilisé. Je me suis mis dans le vélo à 100 %. Seul, vu le quartier dont j’étais issu, j’aurais pu aussi me mettre dans les conneries à 100 %.
Et le service militaire ?
J’ai été retenu au Bataillon de Joinville. Je me suis retrouvé avec Yvon Madiot, Denis Roux, Robert Forest, Charly Mottet, Bruno Wojtinek, Bruno Lebras, Christophe Lavaine, Eric Guyot… J’ai disputé le Championnat du Monde de Poursuite Militaire avec Charly Mottet, Christophe Lavaine, Bruno Wojtinek. On termine à la troisième place. Nous étions pris en main pour ne faire que du vélo. J’ai eu un petit soucis, j’ai pris trois semaines d’arrêts simples car en rentrant des Championnats du Monde, j’ai disputé la Route de France. Jean Sauret le Président du Comité devait en informer le bataillon, ce qu’il n’a pas fait. Le soldat Duracka était déclaré déserteur, donc au trou tous les soirs, pas de permissions pendant trois semaines. J’avais passé le permis poids lourd cela a entraîné la non validation du permis civil !
Après le service militaire, c’est le retour à la compétition
C’est là que j’ai commis des erreurs. A l’époque il y avait de très nombreuses courses dotées d’une multitude de primes. Les anciens sont venus vers moi jugeant que j’étais un petit jeune qui pouvait être rentable. Et c’était vrai ! J’ai gagné de l’argent, j’avais une notoriété régionale. On gagnait environ 150 euros par jour de course. Une année, juillet/août j’ai couru soixante jours de suite, et 137 jours sur la saison ! Mais je me suis enfermé dans une bulle locale. Beaucoup de coureurs qui étaient avec moi au Bataillon de Joinville sont passés pros, certains ont fait carrière. Je crois que je n’avais pas moins de moyens qu’eux.
En fait j’ai sacrifié une carrière alors que j’avais le potentiel pour faire mieux. Quand j’ai commencé à en prendre conscience en 1987/88 le nombre de courses avait diminué, on devait se déplacer sur des épreuves plus importantes sur lesquelles je gagnais de la même manière. J’avais déjà 27/28 ans c’était déjà trop tard pour passer pro. Avec le recul je me suis rendu compte que je n’avais pas atteint mes limites.
Tu m’as dit avoir fait trois courses dans la même journée
Oui, je me souviens très bien, j’étais parti courir Paris-Montargis le matin. Je préparais le Tour d’Auvergne donc je souhaitais faire une course de 150 km. J’étais échappé dans un groupe lorsque nous avons été victimes d’une erreur de parcours ; on se retrouve dans la campagne, perdus. Nous sommes mis hors course par les commissaires (le coureur doit connaître son itinéraire). Ma femme me conduit jusqu’à Fourchambault. J’arrive une demi-heure avant le départ. Je termine la course sans faire d’étincelles. Les autres coureurs me disaient tu n’as pas le droit de prendre deux départ dans la même journée. Têtu, pour leur prouver que je pouvais même en disputer trois, le soir je m’aligne à la nocturne de Moulins, bon je n’ai fait qu’une dizaine de tours, mais j’ai pris trois départ dans la journée. C’était une énorme bêtise, un truc de gamin. J’ai mis trois jours pour récupérer.
Tu as rencontré les bonnes personnes un peu tard ?
Quand Jean Chassang est redescendu amateur à la ROMYA, il m’a pris en main et conseillé. Il me disait : « Les gars vont rouler 150 bornes à l’entraînement, toi tu vas en faire 200, tu seras plus fort qu’eux ». Jeannot, je lui dois beaucoup car même lorsqu’il a arrêté sa carrière il a continué à me suivre. Pour moi il a été le grand frère du milieu cycliste qui me manquait. Lorsqu’il était pro Il habitait près de chez moi, je le voyais passer avec son maillot Renault, il me faisait rêver. Quand il est redescendu amateur, il vient dans mon club !!! La première course de l’année, on part ensemble pour le même déplacement, je n’osais pas même lui serrer la main. Je disséquais tout ce qu’il faisait. On est devenu très amis. Il peut m’appeler en pleine nuit, Jeannot je serai toujours présent pour lui… C’est une personne qui a été très importante dans ma vie. Puis dans les années 90 quand les Polonais sont arrivés sur la région, je suis devenu très ami avec Jacek Bodyk (5e des Championnats du Monde amateurs 1991). On se complétait, on gagnait vingt courses chacun par saison.
Qui étaient tes principaux adversaire ?
C’était encore l’époque des mafias. Soit tu tombais contre les Lyonnais ou les gars du Creusot avec Yves Beau, Vincent Brucci, Robert Jankowki. Quand tu faisais 4e tu étais content. Chaque région avait ses bons coureurs. A la ROMYA il y avait mon frère Jean-Pierre, les frères Bourgeot, Dominique Terrier, Patrick Lis, Jacky Rougeron…
Quand as-tu pris conscience de tes possibilités ?
Sur la troisième étape du Tour d’Auvergne 1990 qui partait du Mont-Dore, j’avais dit au copains : « J’attaque au départ, vous me revoyez sous la douche ». Je profite d’un point chaud pour m’échapper. Seul, je prends six minutes au peloton. Je n’étais pas dangereux au général. Philippe Dalibard était leader. Je termine en solitaire à Riom avec quatre minutes d’avance.
Derrière ce Tour d’Auvergne, il y avait les Championnats d’Auvergne sur route. Je me battais contre l’équipe à Patrick Bulidon, l’UC Sayat. Dans le final je me retrouve avec Christian Roman et Mariano Martinez. Patrick n’avait jamais perdu un Championnat d’Auvergne. Je gagne devant ses coureurs. A l’arrivée, il est venu me voir : « De toute façon l’année prochaine tu seras chez nous ». Du coup, moi le coureur de critériums, je suis sélectionné pour le Championnat de France à Saint-Saulge (58) que je termine 6e. Je suis pris en Equipe de France pour disputer le Tour du Limousin. Pour anecdote je finis 50e au général, le 51e est Miguel Indurain (vainqueur de cinq Tour de France)… Pour m’être bien comporté sur un Tour du Maroc, je me suis retrouvé capitaine de l’équipe de France à part entière, ainsi j’ai pu me mesurer avec les pros.
Comment se déroulent ces confrontations ?
A la Route Adélie, j’ai réglé Jaan Kirsipuu pour le sprint du peloton. Sur Paris-Camembert J’ai même cru un instant avoir gagné car je ne savais pas qu’il y avait une échappée devant. Je termine 4e. Avant le départ Jacky Durand me chambrait me disant que les amateurs n’avaient rien à faire là. Il m’avait vexé. Dans le groupe de vingt coureurs pour la victoire, il était présent et il attaque ! Moi je me dis « Toi tu ne gagneras pas », j’ai roulé à bloc ; à trois cent mètres de la ligne tout le monde était à fond, j’ai pensé que j’allais gagner lorsqu’ils ont annoncé l’arrivée pour la 3e place !
Avec l’équipe de France j’ai remporté le Tour du Japon. Je suis le seul coureur français à avoir enlevé cette épreuve (devant David Lefevre pro de 96 à 2004). Une grand fierté pour moi.
Je n’ai eu qu’une seule proposition pour passer pro. Il s’agissait de l’équipe à Vincent Lavenu (Petit Casino). J’étais 101e coureur mondial. Il avait été clair. A 36 ans c’étaient les points UCI qui l’intéressaient pour sa formation. Sans suite avec Vincent Lavenu, je pouvais être pro dans l’équipe Cedico-Charleroi, mais je n’avais ni salaire ni frais de déplacements…
Comment se passe ta rencontre avec Patrick Bulidon ?
C’est lui qui m’a fait franchir un cap entre le petit coureur de critériums que j’étais et le coureur aguerri que je suis devenu. Je lui dois tout. J’ai un profond respect pour le personnage. Ma première course sous ses couleurs, je gagne le Bédat à Sayat devant chez lui. Il était intenable, de joie il courait à côté de moi… Il sait communiquer c’est sa force, il n’aime pas perdre, c’est un meneur d’hommes. Moi j’étais encore plus fort lorsque je courais pour faire plaisir à quelqu’un. Nous avons remporté le Tour de Chine. Grâce à Lucien Bailly (Directeur Technique National) nous avons remplacé l’équipe de France sur cette épreuve où je marchais très fort.
L’équipe Besson-Chaussures a connu la DN3 pro, l’équivalent des Continentales d’aujourd’hui. En 1997, j’avais 36 ans je songeais déjà à la reconversion. Au Tour de Gironde (course internationale), je suis dans la bonne échappée, je me retrouve second au général la veille de l’arrivée. Je dis à Patrick : « Demain, je ne peux pas perdre. Si je gagne le Tour de Gironde, j’arrête le vélo ». Le lendemain, je surveillais Jean-Michel Auguste un super rouleur. On attaque dans le final et je remporte le classement général. Il était temps pour moi de passer la main. Après une petite saison 1998, je me suis donc retrouvé directeur sportif de la formation Besson-Chaussures en 1999.
Ta carrière de Directeur Sportif était lancée
Après deux années chez Besson-Chaussures, j’ai remplacé Martial Gayant chez Oktos-Saint Quentin de 2001 à 2004. Puis je me suis retrouvé à la tête de l’équipe amateur Montmarault-Montluçon et ensuite à la Roue d’Or Saint-Amandoise avec les Estoniens Tanel Kangert et Rein Taaramae. Directeur sportif n’est pas un métier facile. Le retrait d’un sponsor, un changement de municipalité, ton équipe s’arrête.
Lorenzo Di Silvestro, un ancien coureur de Besson-Chaussures avait créé une équipe pro en Italie (A-Style). Il m’a appelé pour la diriger, ce que j’ai fait durant deux saisons.
On m’avait sollicité pour diriger l’équipe du Cameroun. J’ai été reçu par le Ministre des Sports à Yaoundé pour être nommé Directeur Technique National. J’ai vécu-là deux années intensives qui ont beaucoup compté pour moi.
En 2012 Nicolas Roux et Patrick Bulidon avaient créé le Team Pro Immo. J’étais au chômage. Patrick m’a dit « Pour toi il y aura toujours une place ». Je terminais mon contrat au Cameroun le 31 août. Avec le Team Pro Immo, nous allons disputer la finale de la Coupe de France le 3 septembre. On remporte la finale, nous voilà propulsés la saison suivante en DN2 !
Aujourd’hui ton gendre Nicolas Vogondy a intégré l’équipe comme directeur sportif.
Nicolas a été pro durant dix-sept saisons enlevant trois titres de Champion de France. Quand Nicolas Chadefaux le second directeur sportif du Team Pro Immo a préféré le choix d’une vie plus sédentaire, j’ai proposé à Patrick d’engager Nicolas. Plutôt que d’aller chercher un gars que l’on ne connaissait pas il m’a semblé que Nicolas, vu son passé, était la personne idéale. Ce n’est pas parce que c’est mon gendre, je ne lui fais pas de cadeaux. Il est passionné, compétent, organisé dans ce qu’il fait. Nos résultats prouvent que notre association fonctionne très bien.
Ton meilleur souvenir avec le Team Pro ?
J’ai la fibre auvergnate, je dirais les victoires de Sylvain Georges et Sébastien Fournet-Fayard au Tour d’Auvergne.
Tu as des rapports privilégiés avec Julian Alaphilippe, comment est-ce arrivé ? Peux-t-il gagner le Tour ?
Lorsque je m’occupais de Montmarault-Montluçon, je donnais un coup de main à l’école de cyclisme. Il y avait un petit gamin qui sortait du lot. On se disait celui-là il n’est pas comme les autres. Julian avait huit ou neuf ans, j’étais amis avec son cousin Franck Alaphilippe avec qui j’avais couru. Julian était déjà doué. Je pensais qu’il pouvait devenir un bon coureur mais je m’imaginais un bon 1ère catégorie pas l’un des meilleurs professionnels de sa génération. Nous sommes toujours restés en contact et nous nous appelons régulièrement au téléphone.
Il peut tout gagner y compris un Championnat du Monde. Le Tour, il faut être concentré durant trois semaines. Julian est un hyper-actif. Il aime rencontrer le public, il va sur les plateaux télé, en course il produit beaucoup d’efforts. Chaque instant de récupération est important sur le Tour. Si tu te disperses, cela se paye un jour. Mais si on le change il ne marchera pas, il faut le laisser comme il est sinon il va s’ennuyer, il sera moins performant. A la trentaine lorsqu’il aura progressé, s’il sacrifie une année pour préparer le Tour il peut prétendre à la victoire même si dans les cols au-dessus de 2000 m il est limite.
Comment expliques-tu le bon début de saison du Team Pro Immo Nicolas Roux ?
Déjà, il y a le recrutement ; c’est une équipe qui arrive à maturité. L’équipe est formée pour avoir des résultats. D’autres équipes n’ont pas la même philosophie que nous, elles privilégient la formation. Nous avons récupéré Clément Carisey et Karl Patrick Lauk, non conservés à l’échelon supérieur. Maxime Urruty, Mickaël Guichard et Florent Castellarnau ne sont pas passés pros. Voilà cinq coureurs très compétitifs sur lesquels nous ne comptions pas en 2020. Cette année la cohésion est supérieure aux années précédentes. Nicolas Roux est motivé pour poursuivre la route du Team Pro, c’est un signe très encourageant pour les coureurs.
Nous terminons par l’anecdote amusante qui clôture l’interview.
Au Grand Prix de Mazamet, il y avait une prime de 10 000 francs (1500 €) sec sur un tour. Les coureurs de Montastruc contrôlaient la course pensant rafler le gros lot. J’avais repéré une station service où il y avait un peu moins de monde avec un passage derrière les spectateurs. Je me suis laissé décoller puis j’ai sprinté entre deux spectateurs pour passer en tête de peloton à la surprise de tous les coureurs. J’ai ainsi remporté la prime déjouant les arrangements prévus. Les gars sont venus me voir me menaçant : « A l’arrivée tu partages avec nous ». J’ai refusé. Lorsqu’on m’a donné l’enveloppe, j’avais l’impression d’avoir fait un hold-up. J’imaginais les gars en train de m’attendre dehors. J’avais mis l’argent dans mon slip. J’ai couru puis sauté dans la voiture. Pendant 50 km , je n’étais pas tranquille. Mais voilà, j’avais bien gagné ma journée !
L’interview de Jean-Philippe Duracka s’est déroulée en février 2020 avant le confinement dû à l’épidémie du coronavirus. Les projets fleurissaient, les nombreuses victoires promettaient une saison particulièrement riche en émotions. Beaucoup de travail anéanti pour les coureurs et le staff ! Le cyclisme reprendra ses droits comme il l’a fait après les heures noires de notre Histoire. Je crois que la détermination n’en sera que plus grande...