TÉMOIGNAGE. Tour de France : Henri Perly, le coureur qui a vu éclore et grandir Jacques Anquetil
Bartali, Robic, Bobet, Anquetil… Professionnel au début des années 50, Henri Perly a couru avec les plus grands. À 93 ans, il rétropédale sur une carrière lancée dans la France d’après-guerre, parfois sur les routes de terre. Témoignage.
Henri Perly, 93 ans, devant sa photo avec le maillot jaune du Tour de l’Ouest 1957. |
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Ouest-France
Dominique FAURIE Publié le 30/06/2021
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Henri a fêté ses 93 ans fin février. Il est là, avec sa femme Raymonde. Ils forment un couple merveilleux. Elle quand elle lâche, dans leur appartement nantais, des étoiles dans les yeux : « J’étais fière. Il n’a pas eu la carrière qu’il méritait. » Lui quand il évoque, un demi-siècle plus loin, ce Tour auquel il n’a jamais pu participer. « Ne pas faire le Tour de France, ça a été mon grand regret. Toute ma vie de coureur j’ai voulu le faire. Et je le méritais. Maintenant, je m’en fous. »
Henri roule vers ses 100 ans, mais est resté gamin. Celui que son père emmenait en auto, une des rares du coin, au départ des courses. Et qu’il laissait revenir à vélo s’il ne gagnait pas. On l’avait trouvé le coude meurtri, avec un de ces grands pansements qu’arborent les mômes trop intrépides. « Je suis tombé à vélo, s’était-il excusé. J’ai voulu faire comme toujours, mais j’ai moins la force pour démarrer. »
Sa jeunesse est celle de la France d’après-guerre. De la 2e guerre mondiale aussi. « On a eu des Allemands à dormir à la maison… » D’un premier pas Dunlop, qui, en avril 1945, la paix pas encore signée, le voit finir 3e. Il y gagne 200 francs de l’époque, un boyau, et le droit d’aller à Paris, pour la première fois, à 17 ans, disputer la finale du 10 mai. « J’ai été lâché pendant la course, je ne savais ni frotter, ni m’abriter, avoue-t-il. Chez moi, on avait, 15, 20 partants. On connaissait tout le monde. »
Plus tard, il gagnera quand même au Parc des Princes…
« Certains ont la vocation d’être curé, moi c’était coureur… »
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