INFOLETTRE STAYER FRANCE
Michel Meunier nous a quittés ce jeudi 25 Octobre. Avec lui les formules telles que « Une page se tourne » ou « Il laisse un grand vide » sont dérisoires, inutiles, superfétatoires …
L’homme émargeait au genre rayonnant, à croire que le mot « charisme » avait été créé tout exprès pour lui. Il émanait de lui une formidable empathie boostée d’énergie pure, que les années qui passent s’exaspéraient de ne pouvoir saper.
Sa bonhomie vous enveloppait dès le premier contact, et vous vous retrouviez à tout coup embarqué dans un de ses projets que vous auriez refusé tout net à quiconque d’autre vous l’aurait soumis. Dès la poignée de mains ou la chaleureuse accolade, vous étiez pris.
Bien sûr je garderai à jamais le souvenir du bon camarade, chaleureux et rigolard (Ah, Michel et ses robustes plaisanteries gauloises !...), toujours dans l’action, dévoué au service de l’autre.
Mais je tiens à célébrer aussi les services sans nombre rendus à une discipline qu’il a par moment porté à bout de bras.
La rencontre de Michel Meunier avec le demi-fond n’avait pas été fortuite.
Rappelons que le garçon avait tâté du derrière moto dans les années 80. Mais bien vite, je renonçais à l’interroger sur cette séquence de sa vie, qu’il évacuait malicieusement dans un brouillard de formules vagues qui vous faisait repartir gros jean comme devant avec vos questions.
Ensuite, j’avais « vu venir de loin » l’oiseau. A la faveur de rencontres sur les vélodromes de province, effectuées toujours dans l’ombre de Jean Court, je tombais – comme vous êtes tous tombés – dès la première rencontre sous le charme de l’entregent et de la faconde du Monsieur. Ces rencontres fugitives, étalées sur plus d’un lustre, ne furent pas du temps perdu, oh que non !
Car à l’automne 2018, quand Alain Gaudillat et moi-même, arrivés au bout de notre rouleau, fûmes tout prêts à jeter définitivement l’éponge, l’image du truculent organisateur stéphanois se rappela à moi, comme une évidence.
Dès lors, il ne me fallut pas longtemps pour me persuader de la nécessité de voir Michel rejoindre notre « petite boutique » devenue alors galère, et qui, à cette époque – et ce malgré des prodiges d’efforts – s’embourbait dans un marécage d’inerties…
Commença alors un curieux ballet de consultations « innocentes » auprès du microcosme du demi-fond, menées façon conspirateur par votre serviteur. L’objectif ? Embarquer Michel dans notre aventure, convaincu qu’il serait « the right man in the right place », l’amener à ce qu’il se persuade lui-même de l’évidente nécessité de nous rejoindre.
Ce mauvais théâtre d’alors, étalé sur quelques semaines, ce travail d’approche insidieux, Michel et moi s’amuseront plus tard à en rejouer les scènes à perte de fou-rires. La fausse indignation qu’il surjouait à chaque fois qu’il me rappelait cet épisode (Dis donc, mon s… Quand j’y repense c’est bien toi qui m’a amené dans ce bigntz !) est un souvenir qui n’est pas prêt de me quitter.
Et quand Michel a rejoint France Demi-Fond, alors là, pardon, il ne l’a pas fait sur la pointe des pieds. Pas le genre de la maison. Il a pris les problèmes à bras le corps, et nous a entraîné six années durant dans une folle sarabande, avec, au bout de ce maelstrom, une succession de succès inespérés, qui lui doivent tant !
Grâce à lui nous avons pu vivre des moments enthousiasmants, avec comme point d’orgue ce lumineux championnat d’Europe de demi-fond 2022, qui, « dans son jardin » du vélodrome Georges Préveral (son maître, se plaisait-il toujours à rappeler) lui procura la plus belle satisfaction de sa carrière d’organisateur. Michel a surmonté avec nous les moments gris de l’aventure du demi-fond, et toujours avec une foi et une envie de rebondir qui forçaient mon admiration, et vous donnaient l’envie d’aller au feu pour lui.
La suppression du championnat d’Europe de demi-fond 2024, qu’il avait tant travaillé en amont, dont il avait poli les préparatifs avec tout son coeur, sera un rude coup pour lui, je peux en témoigner. Pour la première fois, j’ai vu son enthousiasme chanceler. Un véritable choc qui lui a fait mal, très mal. Aujourd’hui tout spécialement, je ne peux m’empêcher de penser que cette mauvaise action a forcément contribué à affaiblir son capital-santé.
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Alors Salut Michel. À se revoir un de ces quatre, pour parler piste, rouleau et grosses motos…
En guise d’épilogue, je vous livre en partage ces lignes magnifiques, écrites de la main de Gilles Comte, le rédacteur en chef de Vélo Magazine, qui, à mon invitation, nous avait fait l’honneur d’un reportage lors du championnat de France 2021. Aujourd’hui encore - aujourd’hui surtout serais-je tenté de dire - je ne peux les lire sans émotion :
« Michel Meunier , ancien bon pistard de 61 ans, affiche l’entrain et le charisme de l’éducateur que l’on rêve tous d’avoir quand on se lance dans un sport… »
Une cérémonie civile aura lieu le Mercredi 30 Octobre à 17 h 15 au Crématorium Montmartre de Saint
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Patrick Police, pour STAYER FRANCE, pour l’Association FRANCE DEMI-FOND, le 27 Octobre 2024